NOTRE Tribune GAGNER !
publiée dans la presse
Le Parti socialiste entre dans une nouvelle période de congrès qui s’achèvera en janvier 2023. A l’évidence, ce Congrès de Marseille sera un des plus importants de notre histoire récente car il devra trancher sur notre stratégie de reconquête du pouvoir.
Alors que de 1981 à 2017, les socialistes ont gouverné pendant près de 20 ans, nous avons subi depuis deux sévères défaites à l’élection présidentielle : en 2017 d’abord avec 6,3% des voix ; en 2022 ensuite avec 1,7% des suffrages.
Si le Parti d’Epinay fut en phase avec la société française dans les années 70 et 80, il s’est, par sa technocratisation et ses divisions, progressivement éloigné de nos concitoyens au point d’affaiblir ce lien qui l’unissait au peuple de gauche. Historiquement, les socialistes ont fait le choix de gouverner pour « changer la vie » pour ne pas se limiter à s’opposer et à protester. Nous nous inscrivons dans cette gauche qui assume l’exercice du pouvoir. Mais les Français n’attendent plus de nous des preuves de notre capacité à bien gérer. Ces preuves, nous les avons données cent fois tant au plan national qu’au quotidien dans nos collectivités.
Non, les Françaises et les Français espèrent de nous aujourd’hui que nous réapprenions à les écouter, pour qu’ensuite nous sachions leur reparler. Que nous apportions des réponses radicales à des urgences radicales. Entre une planète qui dépérit, une jeunesse qui doute, un monde qui tremble, une Europe qui se cherche, des banlieues qui désespèrent, des territoires qui se sentent abandonnés, des Outre-mer méprisés ou des combats féministes plus d’actualité que jamais, le Parti Socialiste doit de nouveau, comme il l’a fait dans le passé, entreprendre et réussir la synthèse entre la responsabilité et la rupture. Il doit réinventer une Gauche capable de porter les réformes radicales qu’impose la situation de notre pays : une gauche de gouvernement qui assume la transformation sociale car gouverner n’est pas un objectif en soi mais bien le moyen de modifier le cours de l’histoire.
L’histoire sur laquelle nous devons peser, c’est celle d’un monde pétri de périls face auxquels nos valeurs sont nos meilleurs atouts. Nous sommes européens, nous sommes internationalistes, nous sommes républicains. L’histoire que nous devons contrarier, c’est celle d’un macronisme à bout de souffle dont la « renaissance » est d’abord un ancrage à droite assumé. Mais surtout, l’histoire que nous devons refuser, c’est celle d’une victoire annoncée du Rassemblement national. Cet horizon doit être notre obsession.
Nous sommes en action, avec nos élus locaux, nationaux et européens, pour répondre aux priorités du moment : le pouvoir d’achat, l’augmentation des prix de l’énergie, les salaires et les conditions de travail dignes, la protection des droits à l’assurance chômage et à la retraite, la justice fiscale, économique et écologique avec la taxation des superprofits. Mais nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle histoire à construire.
Avant de gagner des batailles électorales, le Parti socialiste doit se transformer pour ranimer la confiance de celles et ceux qu’il entend représenter. Il doit se réarmer idéologiquement pour faire face aux défis des multiples crises. Il doit se réinventer pour redevenir attractif.
Alors le débat doit désormais s’ouvrir pour y répondre. Mais sans tabous ni artifices.
Pour notre part, nous continuerons à soutenir la stratégie conduite par Olivier Faure. Pas seulement par fidélité à un homme qui a eu le courage dès 2018 de s’atteler à une tâche que bien peu se proposaient alors de relever. Mais parce que nous pensons que la stratégie qu’il a dessinée est la bonne. Elle s’articule autour de quatre convictions :
Prenons le temps d’approfondir le travail de fond que la succession d’élections depuis 2019 a entravé. Organisons des Conventions nationales dans les territoires tout au long de l’année 2023. Rebâtissons un corpus qui fasse de nous la force de gauche qui, de nouveau, parle à toutes les Françaises et tous les Français, y compris à celles et ceux qui ne croient plus en nous depuis des années. Nous devons comprendre et analyser, comme ont commencé à le faire certains de nos parlementaires, pourquoi et comment des électeurs des classes populaires ou vivant dans des territoires délaissés ont rejoint l’extrême-droite. Nous devons comprendre et analyser pourquoi tant de nos concitoyens ne nous considèrent plus comme une solution à leurs problèmes. Nous devons enfin mettre en avant cette gauche « du faire » qui dans les collectivités que nous gérons change déjà au quotidien la vie de millions de nos compatriotes.
Pour notre part, nous ne voulons plus jamais être le Parti des 6% ou des 1,7%. Nous ne voulons plus jamais être hués et conspués par ceux-là mêmes que nous voulons défendre. Nous ne voulons plus jamais retomber dans les travers d’hier, ces déchirements et ces intrigues de couloir qui paralysent le parti et décrédibilisent tous les socialistes.
Autour de ces quelques grands axes, nous avons confiance en l’avenir du Parti Socialiste. Autour d’Olivier Faure, de la nouvelle génération des maires, de nos présidentes et présidents de région et de départements, de nos parlementaires, de nos premières et premiers fédéraux solides et courageux, et avec l’ensemble des militants qui croient fondamentalement que la place de leur parti est à gauche.
Oui, nous souhaitons un Congrès utile à notre parti, tourné vers nos concitoyens, vers celles et ceux qui pensent que les Socialistes ont encore un rôle à jouer, une parole à délivrer et des réformes à engager. Avec la conviction qu’ayant retrouvé grâce à notre travail la confiance des Françaises et des Français, nous pourrons de nouveau, demain, gagner !
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